mercredi 3 octobre 2018

ORBITAL : MONSTERS EXIST

J'ai toujours eu un faible particulier pour Orbital et la musique électronique les frères Hartnoll. Ils sont probablement ce qui se fait de plus intéressant dans le genre, depuis le départ de leur carrière. Ils n'ont eu de cesse de proposer des albums inventifs, puisant leurs racines dans la house des années 90, et sachant renouveler leur proposition à chaque fois, ou presque. Disons qu'à force d'annoncer leur fin de parcours, et de faire un coming back régulier, les choses ont commencé à péricliter légèrement. Certes le duo reste nettement au-dessus de la plupart des autres, mais on sent que la créativité de la première heure a foutu le camp.

Je me rappelle quand j'ai eu l'occasion de les rencontrer à Lille, avant un concert à l'Aéronef, alors que j'étais encore étudiant. C'était la glorieuse époque Middle of nowhere. Je m'étais fait passer pour l'envoyé de la revue officielle de la fac (qui d'ailleurs n'existe pas) pour décrocher un petit quart d'heure d'interview partagée, avec un journaliste flamand. Je ne sais pas si le subterfuge a duré longtemps, mais en tout cas j'ai pu parvenir à mes fins, et j'ai même été invité par les frères Hartnoll à monter sur scène lors du soundcheck juste après. Je dis juste ça pour vous expliquer à quel point je tiens à ce groupe, dont je suis la carrière avec une attention toujours renouvelée. Et bien voilà, un nouveau come-back, un nouvel album, intitulé Monsters Exist. Les monstres existent vraiment, à savoir ces ordures qui nous gouvernent et pilotent la planète vers une fin annoncée. Ce qui manque dans ce disque, c'est l'unité, ce qui autrefois rendait le LP compact et harmonieux, porté vers une direction artistique et sonore identifiable dès les premières notes. Ici encore on a droit à une sorte de collection de titres, certains très bons (Monsters Exist, The end is nigh, Tiny foldable cities) dès lors qu'ils essaient d'instaurer une atmosphère poisseuse et angoissante, d'autres un peu plus anachroniques ou légers, quand ils lorgnent vers la fête et le dancefloor sans assumer jusqu'au bout.
Mais en fait, est-ce bien si important? Peut-on exiger d'Orbital, en 2018, d'être le même groupe que celui qui a su révolutionner la musique électronique à ses débuts? Ne peut-on pas leur concéder une petite baisse de forme, et le droit de cumuler des points pour la retraite, d'autant plus que cumuler de la sorte, je le répète, beaucoup de jeunes ou débutants aimeraient bien y parvenir. On ne gâchera donc pas sa joie, ce n'est pas le meilleur album, mais ce serait bête de passer à côté.