🎬 House of Gucci (de Ridley Scott)
Avec House of Gucci, Ridley Scott tourne autour de son sujet, hésite à choisir un véritable angle d'approche. Maurizio Gucci, l'héritier de la grande famille toscane, qui a su donner un second souffle à la marque, avant d'être assassiné, refroidi par balles? L'ascension sociale et le besoin de reconnaissance de Patrizia, son épouse, qui a attisé toutes les querelles familiales possibles, dans son propre intérêt, jusqu'à décider de faire abattre son mari, une fois délaissée? Ou encore la dynamique entre deux cousins si différents dans la manière d'être (Maurizio et Paolo), de paraître, de calculer et d'avancer leurs pions? En fait, ce sera un peu tout au menu, ce qui explique les 2h 40 d'un film qui connaît parfois quelques longueurs et abuse de dialogues pas toujours heureux. Pourquoi ce choix absurde d'adopter un américain parasité par un accent italien au couteau, improbable et caricatural? C'est d'autant plus gênant avec Jared Leto, grimé au possible, dans un grand numéro de cabotinage bancal, entre commedia dell'arte et la Cage aux folles. Pour autant il y a du bon dans House of Gucci. L'image est soignée, le parcours de Maurizio cliniquement disséqué avec ce qu'il faut de retenue, de mise à distance, et pour autant ce fond d'empathie, pour un homme capable de refuser de danser avec le diable, tant que ce luxe lui est permis. L'affiche est tout de même celle des grands soirs : Adam Driver, Lady Gaga (en fait bien meilleure actrice que chansonnière) Al Pacino ou encore Jeremy Irons, dont on ignore s'il interprète le patriarche de la dynastie Gucci ou s'il est toujours dans le costume d'Ozymandias, de la série Watchmen (pour ceux qui l'ont vue, bien entendu...). Au final House of Gucci est fait d'ombres et de lumières. Classiquement organisé comme un double récit "rise and fall", celui de Maurizio et de la marque familiale, et celui plus intimiste de Patrizia Reggiani, qui de fille du peuple se glisse dans le tailleur ultra chic de l'épouse d'un magnat de la mode, ce (très) long métrage est aussi l'occasion de quelques jolis plans italiens, et d'interroger la perméabilité entre les couches sociales et le devenir moderne de ces grandes firmes comme Gucci, rachetées et pilotées par des fonds étrangers, dont sont exclues, voire bannies, les familles originelles. L'impression d'un film qui flirte avec la contrefaçon à la manière des sacs Gucci du marché de Vintimille. Personne n'est dupe du produit fini, mais ça peut faire bonne impression, et vendre du rêve, l'espace de quelques minutes.