mercredi 11 octobre 2023

BERNADETTE (De Léa Domenach)

 Bernadette (De Léa Domenach)


Un destin comme celui de Bernadette Chirac, née Chodron de Courcel, ne peut être traité au cinéma que sous forme de comédie. Insignifiante bourgeoise élevée aux bondieuseries, séduite par un petit-fils d'instituteurs corréziens aux dents longues, elle devient la première dame de France et la dernière roue du carrosse en ménage, soumise aux caprices et à la personnalité écrasante d'un mari volage et égocentré. Non pas que je la plaigne. Pour exister, Bernadette va devoir refaçonner son image. Image, pas sa personnalité, pas qui elle est véritablement. Une opération cosmétique initiée à l'écran par un conseiller (Denis Podalydes) qui met tout en œuvre pour la rendre populaire. C'est là qu'on peut alors sourire ou s'indigner. La métamorphose est à l'image du RPR d'alors. Une façade qui se veut proche des gens et respectable, avec en toile de fond un cynisme implacable et une série de casseroles qui pourrait remplir le bottin téléphonique d'avant Internet. Catherine Deneuve apporte à l'horripilante bonne femme un côté charmeur et glamour que l'originale ne possédait même pas. Son mari, Michel Vuillermoz à l'écran, se fait voler la vedette, par moments, par un Sarkozy/Laurent Stocker qui à défaut d'être un sosie crédible possède toute la panoplie gestuelle et dialectique du nabot pluri condamné et traitre à sa "famille". Je le souligne encore une fois, il s'agit d'une comédie, pas d'un documentaire ou d'une enquête sur des faits que beaucoup semblent avoir déjà oubliés. Certaines libertés prises avec la réalité historique sont dérangeantes et semblent vouloir réhabiliter un mari moins innocent/benêt que le long métrage le laisse supposer. Le plus mordant dans l'histoire, ce qui relève complétement de la farce, c'est de penser que les français ont pu s'accommoder quatorze ans durant de cette reine sénile des pièces jaunes et de son mari aux mains et aux poches pleines, sans s'insurger outre mesure. Cela étant dit, nous parlons d'un pays qui confie son destin à un nain bourré de tics et aux décisions dévastatrices, qui envoie un tortionnaire au second tour à plusieurs reprises, puis sa fille, ou offre sa croupe à Macronette Premier. De quoi produire de nombreuses suites hilarantes ou tragicomiques à Bernadette. On attend avec une impatience mal dissimulée Carla ou Brigitte (ou Jean Michel) dans les prochaines années.