dimanche 21 mai 2023

JEANNE DU BARRY : SULFUREUX ET ENNUYEUX ?

 🎬 Jeanne du Barry (De Maïwenn avec Maïwenn qui parle de Maïwenn etc...)

Appelons-la selon les modes et usages de l'époque. Favorite, gourgandine, escort girl, instagrameuse, bref, Jeanne est une fille du peuple dont la famille fait dans la cuisson du pain. Quitte à vendre des miches plus tard, autant que ce soient vraiment les siennes et qu'elles lui permettent de fréquenter le demi-monde parisien. Grâce au Comte Guillaume du Barry (Melvil Poupaud), elle parvient à se hisser dans le lit du Roi Louis XV et à gagner ses faveurs (presque) exclusives. Le couple est sulfureux pour son siècle, mais aussi pour le nôtre. Maïwenn vient d'agresser Edwy Plenel au restaurant et semble fière de ses exploits (à rôles inversés la carrière du journaliste serait enterrée six pieds sous terre; que c'est dur d'être une femme, systématiquement) tandis que les frasques de Johnny Depp (le Roi. Oui. Ne cherchez pas à comprendre pourquoi) et de son ex femme ont fait les beaux jours des canards à ragots pendant des mois. Un Pirate des Caraïbes aussi crédible à Versailles que Bruno Le Maire dans la collection de la Pléiade. Avec un accent subtilement sous contrôle, bien aidé par une partition d'une grande sobriété (de mots, car à voir le visage bouffi de l'ancien Apollon, il en va différemment pour la bouteille et les anxiolytiques), l'américain incarne un souverain pâteux et pataud, usé par les fastes de la cour, dont le seul organe encore intact semble être celui qui frétille entre ses jambes à la vue de Jeanne. Un film qui déroule alors tout un discours sur les jeux de pouvoirs, sur la condition féminine, sur… pardon, je m'égare et je plaisante; Non, juste un film de Maïwenn qui parle de Maïwenn (je viens du peuple, rien ne me prédisposait à devenir réalisatrice, vous ne voulez pas de moi, et bien je suis là quand même et si je le souhaitais je pourrais être la Reine…). Certes, si les débuts didascaliques très poussifs - proches d'un documentaire pour classe de quatrième au collège - faisaient craindre la catastrophe industrielle, Jeanne du Barry devient au fil des minutes plus intéressant, plus drôle presque, et ne manque pas de charme par endroits. Mais sur le bulletin de fin de trimestre, la mention ne dépassera pas le "appliqué et besogneux, tant qu'on ne lui demande pas d'improviser". Avec un Louis XV sous Tranxene qui est entré au château parce qu'il y a vu de la lumière, et une néo-comtesse égocentrique qu'un vase en or 24 carats rend tout de suite plus aimable, on est finalement peu surpris que l'histoire se soit terminée deux décennies plus tard avec des têtes dans une malle en osier. Les mêmes têtes que beaucoup aimeraient voir rouler à Cannes et qui regrettent que la lame hashtag me too hashtag superwokisme semble émoussée en cette fin de printemps.



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