mercredi 10 septembre 2025

LE POINT POLITIQUE DU 10 SEPTEMBRE : TOUS COUPABLES ET COMPLICES ?

 Petite devinette pratique : est-il possible de gouverner un pays tout en méprisant ouvertement l'opinion exprimée par la majorité de sa population, lors des élections législatives ? C'est-à-dire ce moment où les citoyens choisissent leurs représentants. La réponse est évidente : c'est non. Enfin, il est toujours possible d'essayer, par le truchement des accords politiciens et de la consanguinité des élites, cette tambouille infecte qui est un des moyens légaux et régulièrement employé pour tordre le bras à la démocratie. C'est le sport préféré de l'empereur Macron, qui depuis son accession au trône continue de nier la réalité. Pire, de la récrire à l'image ses fantasmes. Je parle là du rejet intrinsèque de sa politique, de sa personne, de ses objectifs et même de son premier cercle, de ses affidés, puis de ceux qui sont montés sur le char en cours de route… voire même, de ses derniers soutiens, qui malgré le crépuscule qui s'annonce ont accepté de se vendre bassement contre un plat de lentilles périmées. Parlons de François.

François Bayrou a donc dû quitter le gouvernement après avoir reçu un bon coup de pied dans les fesses. La question n'est pas de savoir si on peut appeler ça une déflagration politique, la question est de savoir comment il a été possible de le nommer, sans qu'instantanément le peuple ne s'exprime avec la pluie grande véhémence (pas juste sur les réseaux sociaux) et que ses représentants ne le censurent immédiatement. Il faut croire que décidément, l'obéissance aveugle et la résignation sont devenus une fierté bien française et que les places de députés, si chères aux yeux des candidats, si confortables une fois obtenues, brouillent les esprits et facilitent la trahison des promesses de campagne. Nous avons donc maintenant Sébastien Lecornu en guise de chef du gouvernement, autrement dit, absolument rien ne change, la direction reste la même, celle impulsée par un monarque seul maître à bord, qui se gargarise du processus démocratique tout en démontrant quotidiennement qu'il n'en tient absolument aucun compte. Le poulet n'a plus de tête et entame un énième tour de la basse-cour. Nous ne sommes plus face à une opposition populaire, nous sommes face à un rejet complet, mais que faire dans une telle situation ? Descendre dans la rue, au risque d'une réponse policière gilet jaunesesque, c'est à dire une pluie de coups, de matraques, et des arrestations arbitraires ? Tenter de réveiller les foules anesthésiées par le verbe, ceci alors que la grande majorité des Français continue de se présenter au travail le matin même des jours de grands mouvements nationaux, chacun se trouvant une bonne excuse pour ne pas réaliser que sans un sacrifice collectif à court terme, nous allons tous plonger dans l'ignominie à moyen long terme ?

Nous sommes face à un problème insoluble, principalement pour trois raisons : la démocratie n'a pas le même mode de fonctionnement qu'une oligarchie; une petite caste au pouvoir ne peut pas se substituer à la volonté populaire, qui rappelons-le, certes a le devoir et le droit d'élire ses représentants, mais peut aussi les faire chuter, notamment par l'expression de revendications sociales concrètes, lorsque le moment semble venu (ces 10 et 18 septembre, pour ceux qui ne comprennent rien). Parce qu'une charge publique, quelle qu'elle soit, signifie se mettre au service des administrés, des concitoyens, et pas le contraire. Le président de la République travaille en quelque sorte aux ordres de 60 millions de patrons à qui il doit rendre des comptes, il n'a pas sous ses ordres 60 millions de soldats, prompts à obéir au moindre de ses caprices. Enfin, il n'est pas possible de gérer les affaires de l'État comme s'il s'agissait de dégager des intérêts privés, au bénéfice d'investisseurs dont la richesse personnelle donnent de nouveaux vertiges chaque année, et qui jettent avec nonchalance quelques miettes de la table en fin de repas. La théorie du ruissellement, appelée aussi celle du mépris et de l'humiliation. En somme, réveillez-vous, sortez de votre confort, libérez-vous du cocon ouaté dans lequel on vous berce : l'Empereur sait que le peuple n'est pas affamé. Il a l'estomac qui gronde, il voudrait plus de dessert, mais c'est de la gourmandise. Au peuple de lui prouver qu'il a tort. Mais a t-il vraiment tort ? De votre réponse dépend la démocratie.





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