Vous aviez des amis, à l’époque du collège ou du lycée ? Probablement avez-vous déjà été tentés de savoir ce qu'ils sont devenus, et conséquence néfaste mais logique, vous avez essayé d’en retrouver certains. Mais que ou qui sont en 2018 ces individus dont vous n’avez plus aucune nouvelle? Comment retrouver la trace des ces fantômes du passé ? Le site COPAINS D’AVANT se vante de pouvoir vous aider, et le pire c’est que ça marche. Il faut dire que la génération actuelle de trentenaires – quadras, n’a jamais été autant angoissée par la fuite du temps. Difficile de s’assumer en tant qu’adulte dans un monde où chacun tente de rester ado dans l’esprit le plus longtemps possible. Une fois installé dans le train train de la vie quotidienne, du travail, du couple, et des sacrifices qui en découlent, nous éprouvons parfois le besoin de retrouver notre part «sans concession», entière, le jeune rebelle que nous avons été, pour le meilleur, puisque le temps nous a souvent aidé à oublier le pire. On enjolive la réalité d’une fois, on idéalise un passé à grand coup de souvenirs nostalgiques, on s’inscrit donc sur le site copains d’avant. En plus c’est gratos, si on se contente du minimum.
Bien sûr le passé est le passé, et hormis quelques rares exceptions heureuses, les retrouvailles (la plupart du temps virtuelles, via web) ne durent que le temps de la curiosité, puis une fois la réalité de retour, les souvenirs idéalisés vaincus par cette réalité, on se prend à mastiquer un goût amer, qui nous fait penser que non, notre adolescence n’a pas été aussi géniale comme ça. Le passé est insaisissable, et la nostalgie, c’est juste l’expression de que nous savons ne plus pouvoir avoir, sur le moment ou de manière définitive. La nostalgie c’est l’angoisse de l’absence. La nostalgie du passé, c’est pire encore, puisque l’objet de nos désirs est mort depuis longtemps, et le cadavre surfait de nos souvenirs finit toujours par dégager une odeur nauséabonde si on n’y prend garde. Dans ce monde si impersonnel, où notre identité est trop souvent assimilée à notre numéro de carte bleue et notre personnalité à notre Cv en Times new roman caractère 12, on éprouve donc le besoin de se retrouver, non pas pour partager les souvenirs et les expériences des autres, mais pour le plaisir de s’entendre parler de soi, pour se rassurer quand au fait qu’on est encore en vie, qu’on est encore quelqu’un. Plus que retrouver les autres, c’est se retrouver soi même qui nous motive souvent, dans ces recherches virtuelles, sur Copains d’avant. Sauf pour ceux qui ont passé leur adolescence enfermé le soir dans un placard. Ceux là n’ont pas de bons souvenirs, et n’ont pas besoin d’aller visiter le site en question. On les envierait presque ?
A mes copains d'avant du collège ou lycée, en fait, si on s'est perdu de vue, il doit bien y avoir une raison, non? Alors laissez tomber!
1994, je suis dessus !