mardi 14 août 2018

APRES L'EFFONDREMENT, LA POUSSIERE

Quand un viaduc s'effondre sur la ville de Gênes, la poussière n'est pas encore complètement retombée que l'habituel théâtre de marionnettes propose déjà son spectacle glaçant.

On y trouve des politiciens sans vergogne, qui jouent la carte de la récupération, en affirmant que les coupables seront pourchassés et que les fonds publics, plus que jamais, devront aller aux Italiens, au sol Italien, pour garantir la sécurité éternelle de la nation, au détriment de ces réfugiés qui débarquent dans la péninsule, pour y mener une vie de pachas.
On y trouve aussi des foules d'internautes déchaînés, transformés par la grâce des réseaux sociaux, en autant de spécialistes des ponts-et-chaussées ou du génie civil, prêts à échafauder les théories les plus pertinentes sur les causes de la tragédie.
On y trouve cette masse ignorante, qui a désespérément besoin de s'approprier la catastrophe, en rappelant que "oui je connais bien cette autoroute, je la prends presque toutes les semaines, et quand j'y pense à 5 jours près ça pouvait être moi, et d'ailleurs je l'avais dit pas plus tard que l'autre fois, que ça finirait par s'effondrer..."
On y trouve la presse locale, régionale et internationale, qui fait semblant de s'interroger, alors que les infrastructures mêmes de l'appareil d'état italien sont à l'image de tout ce que le pays a bâti récemment, et de l'absence de décence  qui le caractérise  aujourd'hui. Une déroute sans appel, dissimulée misérablement derrière une coupe du monde et quelques spritz. 
Et tandis que parmi les décombres, les sauveteurs n'ont pas encore fini de retirer les corps, de mettre en sûreté les rescapés, déjà un singulier malaise nous frappe. Quelle chance avons-nous de vivre ce merveilleux XXI° siècle. 


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