🎬 The card counter (de Paul Schrader)
Oscar Isaac est un joueur de cartes professionnel. Il écume les casinos de la côte ouest, et applique son crédo, jouer et gagner, en toute discrétion, sans jamais flamber. Sa vie toute entière est réglée de la sorte, à l'écart de l'agitation, sans la moindre activité sociale. Son passé est ombrageux, voire orageux. Presque dix ans de prison militaire, pour avoir torturé des prisonniers de guerre, et s'être fait prendra la main dans le sac, c'est à dire en photo. Les vrais responsables, ceux qui donnaient les ordres, formaient les recrues, ont bien entendu échappé aux gouttes, quand vint la pluie. Cette froide routine va changer quand notre joueur rencontre un jeune paumé dont le père lui aussi a commis ces mêmes tortures, pour ensuite se suicider, et une sorte de "manager" qui gère une écurie de joueurs, et souhaite l'engager pour le pousser à miser (et gagner gros). Le film de Paul Schrader est élégant, lent, doté d'une esthétique soignée, rigoureuse. La rédemption, le pardon, sont cachés dans les marges, et on se demande s'ils finiront par en sortir, pour un final bouleversant et solaire, ou au contraire si la pénombre les dévorera définitivement, droit vers l'enfer, sans retour possible. C'est tout l'enjeu de ces deux heures où une tension élégante, une sourde menace, maintiennent le spectateur comme hypnotisé, devant l'écran comme à la table de jeu. Le réalisateur abat enfin ses cartes dans la toute dernière partie, mais c'est à vous de miser sur ce Card Counter si vous entendez connaître le fin mot de l'histoire.
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