mardi 23 avril 2024

CIVIL WAR (De Alex Garland)

 Civil War (de Alex Garland)


La guerre civile de Garland n'est pas là pour vous proposer un traité de politique concrète ni asséner de lourdes leçons sur quel camp choisir. Tout juste nous laisse-t-elle à entendre que ce président américain, engagé dans un troisième mandat, est un type autoritaire dont le piédestal s'est effondré, dont les jours sont comptés. L'Amérique se déchire à nouveau, pour de bon, et c'est à travers les yeux d'une troupe de photographes que nous allons assister à la succession des événements. Télescopage par ailleurs fort intelligent et diablement bien agencé de micro récits qui révèlent toute la vanité et la cruauté de la macro histoire. Lee (Kirsten Dunst) et Joël (Wagner Moura) embarquent avec eux un collègue usé et pratiquement impotent, ainsi que la jeune Jessie, qui rêve de marcher dans les pas de ses aînés et qui va découvrir peu à peu ce que signifie porter un regard sur les choses, sans se laisser dévorer. D'ailleurs, Civil War est plus un film qui interroge le sens même du journalisme aujourd'hui, la nécessité de rendre un travail esthétique et à quel point cette mise en scène est nécessaire pour qu'elle exprime quelque chose, pour que son témoignage soit suffisamment puissant et pertinent, au point de faire bouger les lignes et les consciences. Et si tout ceci, au final, n'était qu'un sophisme tragique, qui confine au voyeurisme ? Le film va jusqu'au bout de ses idées, jusqu'à pénétrer au sein de la maison Blanche, pour un final qui n'est pas sans rappeler le destin d'autres dictateurs ayant connu un sort tragique, comme cet inénarrable lourdaud italien pendu par les pieds, ou l'autre dingo allemand qui a choisi le suicide. Comme toujours avec Garland, l'image est cliniquement soignée, le rythme parfaitement maîtrisé et il règne une beauté froide évidente dans cette Amérique qui s'effondre, régulièrement accompagnée d'une bande-son originale déroutante mais fascinante. Un film, qui plus est, qui fait écho à une actualité brûlante, une sorte de miroir déformant des sociétés occidentales, dont l'ennemi est déjà souvent niché bien au chaud, à l'intérieur. Ne reste plus qu'à regarder et photographier le grand embrasement.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire