Amis gothiques, vous êtes probablement parmi ceux qui considèrent THE CURE comme LE groupe de référence en matière de new wave. Après une longue carrière très productive, Robert Smith et sa bande à géométrie variable ont derrière eux une impressionnante série de succès et une horde de fans purs et durs. Retour sur ce qui est probablement la plus grande réussite curiste, le grandiose DISINTEGRATION, qui déjà en 1989 devait signifier la fin du groupe (d'où le titre). Avec le recul, tout cela fait bien sûr sourire... (encore que... artistiquement peut-on parler de mort cérébrale?)
De tous les opus de The Cure, Disintegration est certainement celui qui est nanti de l'ambiance la plus féerique et la plus imaginaire. Il serait impensable de décrire toutes les émotions que l'on peut appréhender en l'écoutant. C'est ausi la bande son idéale pour tous ceux qui hésitent entre laisser ouvert le gaz toute la nuit ou s'enfiler une belle boite de medocs pendant que les parents ont le dos tourné. En l’offrant à nos tympans, nous sommes en proie à des visions d’aubes sibériennes, des lacs scintillants, et des ondées de pluie fine, sur une plage de sable en plein hiver. Ce n'est pas une invention, c'est ce que dit lui même Robert Smith, quand il décrit le paysage imaginaire qui lui trottait dans la tête à l'époque, après quelques bières bien tassées.
Pour Simon Gallup, une seule corde de basse suffit à créer une mélodie. Ses lignes de basse sont si aguichantes qu'elles peuvent se permettre de tenir des titres de 8 minutes. Les synthétiseurs, omniprésents sur l'album, favorisent la création de ces émanations venues d'ailleurs. Les mélodies envoûtantes écrites par Robert Smith ne seraient rien, si elles n’étaient pas portées par les guitares étirées et filamenteuses de Porl Thompson (« The Same Deep Water As You », un bluffant morceau de dix minutes), passant de l’amertume désenchantée (« Pictures of You » pop et pourtant si mélancolique, le superbe « Fascination Street » le titre le plus rock, « Homesick » peut être un peu forcé), à une douce morosité fiévreuse et maussade (« Plainsong », l'incontournable « Lullaby », « Closedown », la mirifique « Last Dance », « Lovesong », « Untitled »). Robert Smith atteint même ici l’osmose parfaite entre la lourdeur morbide et glaciale de « Faith » et la légèreté déroutante de « Why Can’t I Be You ». Smith, tel un troubadour mystique, passionné et visionnaire, distille le vague à l'âme et la mélancolie comme personne. Rouge à lèvres grossièrement appliqués sur ses lèvres de quasi alcoolique, le cheveu gélatineux et hérissé, ses élucubrations font encore mouche presque vingt ans plus tard, et font rougir de honte toute une génération qui s'applique à singer le père mais restent seulement de simples fils ingrats.
Toute personne qui voudrait connaître et explorer plus en profondeur l’univers de The Cure doit se procurer cette perle précieuse et rare qu’est Disintegration. Les années 80 s'achèvent donc d’une manière grandiose avec cet album, qui serait donc plus à comprendre comme désintégration d'une décennie plus que comme celle du groupe. Tout ce qui a pu se passer après cet album somptueux a peu d'importance. Cette œuvre remarquable, (durement critiquée par leur maison de disques) de Smith et sa bande, s'est quand même vendue à plus de 2 millions d'exemplaires aux USA. Certains s'acharnent encore à détruire la légende des Cure en s'attaquant hardiment à des albums postérieurs comme Wish (trop pop pour être honnête?) ou Wild mood swings (fourre tout pas si mauvais, mais trop loin de l'etat d'esprit des purs curistes suicidaires). Grand mal leur en fasse. Quand à vous, il n'est jamais trop tard, le cas où...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire