samedi 21 août 2021

ROCCO : LE DOCUMENTAIRE (ROCCO SIFFREDI - INTROSPECTION)

 🎬 ROCCO (documentaire de Thierry Demaizière et Alban Teurlai)



Le prénom se suffit à lui seul, le pseudonyme a éclipsé depuis longtemps la référence à l'incarnation d'Alain Delon. Rocco Antonio Tano est devenu une légende, un mythe, par la grâce d'un membre en béton armé, et d'une capacité olympique de s'en servir à volonté, dans toutes circonstances. Le documentaire affirme prendre le risque "de briser le mythe" mais en fait, il ne fait que le lustrer, en présente les failles et les faiblesses (entre larmes et confidences, la plus invraisemblable d'entre elles est carrément ... un viol, sans que cela ne semble déranger personne), le background familial et les excès. Bien entendu, une grande partie est consacrée à la dernière année d'activité de Rocco dans le milieu de l'acting X, encore que depuis il ait repris du service. Bien que spécialisée dans le rough sex, sa petite entreprise est montrée de manière bien joyeuse, et tant pis pour les ingénues à peine majeures qui débarquent des pays de l'est, et qui semblent si ridicules lors des castings qu'on ne les plaindra guère, appâtées qu'elles sont par le gain facile et la célébrité toxique. En fait une bonne partie du temps on se prend à rêver qu'on aimerait bien se substituer à lui, au moins un mois, histoire d'extérioriser ce qui chez 99% de la population lambda s'apparente à de la frustration ou du déni. C'est là que la figure de Rocco s'illumine et le documentaire se justifie. Dans cette perspective d'exutoire collectif, de sidération d'un public qui vit dans une société où tout est hyper sexualisé, mais où le sexe reste toujours aussi guindé et diabolisé par des siècles de joug judéo-chrétien. Rocco ne se pose pas de questions, si ce n'est pour le cadrage (l'occasion de maltraiter un cousin caméraman qui le suit partout et sert de gentil toutou à gronder) et les limites qu'il peut imposer à celles qui vont lui tomber entre les mains. En fin de parcours, on croise la route de Kelly Stafford, sorte de pendant féminin de Rocco, pour l'inversion de la problématique du dominant/dominé, qui nous amène à repenser la passion et la dévotion de l'acteur pour son métier, comme une dépendance, un esclavagisme accepté. De tout ceci, ressort un personnage (un homme?) attachant et éminemment sympathique en public, mais dont les zones d'ombre sont si noires et profondes, qu'il n'y a qu'un pas du libertin génial au prédateur insatiable. Perturbant mais fort intéressant.

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