samedi 14 août 2021

TITANE : LA PALME D'OR DE JULIA DUCOURNAU

 🎬Titane (de Julia Ducournau)



Interdit aux moins de seize ans, palme d'or à Cannes, objet d'un concert de louanges et d'une fascination répulsive, le film est surtout un exercice stylistique et conceptuel : la transformation de personnages en corps, en masses charnelles maltraitées, comprimées, déformées, accidentées. La violence et l'horreur permettent ces métamorphoses, et se substituent au sens véritable, à l'intrigue même de Titane, qui finalement, si on le résume en deux ou trois phrases, est aussi déroutant que probablement incohérent. Agathe Rousselle et sa plaque en titane dans le crâne, Vincent Lindon en pompier culturiste et paumé, sont au centre des expérimentations de la réalisatrice, et exercent un attrait morbide, qui s'exprime dans la laideur, la souffrance, les failles béantes, le nu récurrent. L'esthétique prend très souvent le dessus sur les enjeux, sur la trame, et on a presque l'impression de se trouver devant le négatif horrifique et sérieux d'un long métrage de Quentin Dupieux. Il ne faut pas chercher à creuser, à analyser, à rationnaliser. Si Scarlet Witch a pu donner naissance à deux jumeaux avec la Vision (un androïde) chez Marvel, pourquoi ne pas présenter un accouplement avec une voiture rutilante, d'autant plus que c'est aussi le prétexte à une des scènes de sexe explicite les plus torrides de ces dernières années. Difficile de dire si Titane dérange vraiment, ou plutôt, pour être honnête, c'est le fait d'être dans l'impossibilité de formuler un jugement tranché et clair, qui me dérange personnellement. Une audace formelle décapante, qui ose beaucoup, mais est-ce suffisant pour qualifier Titane de vrai grand film abouti? Là est le doute.

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