Megalopolis (de Francis Ford Coppola)
Ça devait être - pour se contenter du copier-coller du compte-rendu de presque tous les journalistes - le testament de Francis Ford Coppola. Au final, c'est une énorme pièce montée composée avec tout ce qui traînait dans l'arrière-cuisine. Et forcément, à l'aspect et au goût, il y a quoi rebuter les palais les plus fins. Disons que Coppola aurait pu écrire un grand film sur l'histoire de l'Amérique, un autre sur la nature humaine, un troisième sur la manière dont le pouvoir peut corrompre les individus, voire même un quatrième sur la (dé)construction de l'utopie et ce que représente la civilisation ou simplement une communauté (l'obsession américaine pour la "city"). Au lieu de tout cela, on obtient un long métrage qui prend des allures de patchwork souvent incompréhensible. On peut certes isoler plusieurs scènes intrigantes, voire franchement réussies, apprécier le jeu des acteurs qui sont quasiment tous convaincants (Adam Driver est même excellent), adhérer à l'esthétique ultra saturée de certains plans (d'autres sont par contre tellement pompiers que ça en devient risible)… par contre, si on sort de la salle en prétendant avoir trouvé un fil conducteur dans ce long-métrage et en faire un résumé cohérent sous forme de commentaire composé, c'est une crise de mythomanie pure et simple. Petite remarque technique : moi qui apprécie les longs plans séquence et les films qui prennent le temps de se poser sur leurs personnages, je me suis pris avec le montage parfois vertigineux et épileptique une de ces migraines ophtalmiques des grands soirs. Il est aussi désolant de voir Coppola transformer son film en une mauvaise resucée de Docteur Strange dans la folie du Multivers, en insérant des délires philosophiques, politiques, mystiques et sociologiques qui ne visent qu'à épater le quidam. Apprendre le dictionnaire des citations ne fera pas non plus d'un cuistre un fin lettré. Coppola s'est-il fourvoyé ou simplement se moque-t-il de savoir s'il y a encore un public disposé à le suivre? "Tu quoque, Francis".
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