mardi 8 octobre 2024

LES BARBARES (DE JULIE DELPY)

 Les barbares (de Julie Delpy)


Vous le savez (mais peut-être que vous n'y croyez pas), je suis tout de même très bon public. Une comédie française d'esprit populaire, ça ne me fait pas peur, bien au contraire. Le pire avec "Les barbares", c'est qu'il s'agit d'un film qui atteint précisément son objectif, qui a parfaitement ciblé le public auquel il s'adresse et qui maîtrise quasiment tous les clichés du genre, pour retomber sur ses pieds. Il n'empêche, à vouloir gratter un peu, on se rend compte de l'impossibilité du cinéma français de se pencher sur certaines questions, comme celle des réfugiés, sans en tirer un scénario extrêmement consensuel où chacun interprète le rôle le plus stéréotypé possible et où l'évolution de la narration suit un schéma des plus classiques, qui se conclut par une happy end inévitable. Les racistes sont méchants mais auront l'occasion de se racheter; les immigrés sont très gentils, c'est juste qu'il faut prendre le temps de les connaître et ne pas s'arrêter à la façade (et encore, ici même la façade est rassurante); le français moyen est souvent ridicule mais prêt à se découvrir un cœur en or pour tendre la main à celui qu'il voit débarquer pourtant d'un mauvais œil. Quiconque aura fréquenté un temps soit peu la réalité aura remarqué que je viens de décrire un scénario de cinéma, et donc qu'il faut prendre Les barbares pour ce qu'il est, c'est-à-dire une fable gentillette qui fait souvent sourire et qui n'a certainement pas vocation à être transposable en l'état en dehors des salles obscures. Côté acteurs, nous retrouvons Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte, le même duo vu au cinéma il y a quelques jours dans l'avant-première de Sarah Bernhardt. Le septième art français est un petit aquarium dont les gros poissons sont bien décidés à manger les petits qui voudraient s'y aventurer. Pour le reste, vous le savez, il s'agit d'un synopsis assez malin : un petit village breton qui souhaite accueillir des réfugiés Ukrainiens se voit finalement attribuer une famille syrienne, puisque "les Ukrainiens sont très demandés partout en Europe, il n'y avait plus de cette nationalité en rayon". Cocasse, mais triste, car c'est exactement la réalité, tant aux yeux de la plupart des Français les Ukrainiens respectent les codes du bon réfugié, tandis que les Syriens sont forcément des terroristes en puissance. Et ça, ce n'est pas du cinéma.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire