vendredi 4 octobre 2024

LIMONOV LA BALLADE (De Kirill Serebrennikov)

 Limonov, la ballade (de Kirill Serebrennikov)


Agitateur, poète maudit, simple ouvrier, majordome, clochard, révolutionnaire crypto-fasciste, impossible de coller une étiquette à Limonov, un personnage qui grandit dans et se nourrit des marges de la société, qu'elles soient soviétiques (son enfance et ses premières années de l'autre côté du rideau de fer) ou chez les néocapitalistes, à New York ou à Paris, par exemple. Un parcours extrêmement chaotique, que beaucoup qualifieront de choquant, scandaleux, d'autant plus que la caméra de Serebrennikov ne nous cache pas grand-chose des (més)aventures du type, qui s'émancipe clairement de la grille de lecture judéo-chrétienne de nos valeurs, pour former les siennes propres, selon les circonstances. Et c'est bien là tout l'intérêt du film. Le parti pris esthétique, la manière d'assembler tous les fragments pour en faire quelque chose d'extrêmement vivant. Deux grosses heures qui défilent à toute vitesse, avec notamment une scène qui est à compter parmi les plus réussies et intelligentes que j'ai pu voir au cinéma ces dernières années ( la traversée des années 1980 et ses rebondissements politiques, absolument brillante). Toutes les transitions sont par ailleurs parfaites, la bande son colle admirablement bien aux images et l'interprétation de Ben Whishaw ne souffre d'aucune contestation. L'erreur serait de vouloir juger ce qui ne peut pas l'être, d'autant plus que l'attitude qui consiste à porter un regard paternaliste sur le démembrement de l'ex Union Soviétique et le délitement post effondrement du mur de Berlin serait non seulement d'une insondable bêtise artistiquement parlant, mais aussi aux yeux de l'histoire. La conversation entre Emmanuel Carrère, qui fait une apparition furtive, et Limonov à l'écran, résume tout cela en 30 secondes, avec brio. Le film sort en février et il faudra absolument que vous vous déplaciez pour le voir. Pour le reste, 0 pointé pour le festival Cinéroman à Nice, qui promettait une projection en avant-première, en compagnie de l'équipe du film, et qui tout comme l'an dernier, n'a pas tenu parole. Sans même s'en expliquer ou s'excuser, cette fois-ci. Signalons que je suis entré dans le cinéma en même temps que l'un des deux producteurs du film, qui a lâché un bon gros "festival de m..." en franchissant les portes. Organisation provinciale et courte sur pattes, à la niçoise.



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