jeudi 21 août 2025

Y A-T-IL UN FLIC POUR SAUVER LE MONDE ? : TROP TARD ?

 Comme vous n'êtes pas sans l'ignorer, le fond est tout aussi important que la forme. Par exemple, au moment de la sortie d'un film, toute la campagne de promotion peut s'avérer capitale en vue de décrocher un succès escompté. Avec la résurrection de la franchise des y a-t-il un flic pour sauver (cette fois le monde), les producteurs ont pu s'appuyer sur une romance gérontophile entre les deux acteurs principaux du long-métrage. D'un côté Liam Neeson, dont la longue carrière a été marquée par une ribambelle de rôles de justicier inflexible et névrosé, qui ont fini par en faire une sorte de caricature à la mâchoire serrée, toujours prête à en découdre. De l'autre, Pamela Anderson, qui restera à jamais dans l'esprit de la plupart des gens cette bimbo à la poitrine peu farouche et plantureuse, qui court en maillot de bain pour sauver des vacanciers prêts à se noyer pour quelques secondes de bouche à bouche. Tous les deux ont aujourd'hui l'opportunité de casser leur image : le premier dans un rôle comique qui tranche avec l'essentiel de ce qu'il a fait jusque-là, la seconde tente de faire effacer son image de blonde décérébrée pour enfin accéder à une certaine forme de notoriété/dignité professionnelle. Il paraîtrait que les deux amants, désormais (presque) en possession d'une carte vermeil, ont connu un coup de foudre tardif durant le tournage. On leur souhaite bien du bonheur et on constate en effet qu'il existe une certaine synergie à l'écran, qui est une des raisons pour laquelle aller voir cette comédie loufoque, qui récupère tous les codes du genre, les recycle assez souvent avec brio et enthousiasme, mais qui du coup peine complètement à surprendre, puisque ce sont des choses que nous connaissions déjà. Des blagues potaches que certains d'entre nous attendent goulument et que d'autres vont revoir débarquer un peu comme un cheveu dans la soupe, car ce qui nous faisait rire aux éclats il y a 30 ou 40 ans peut-il encore aujourd'hui nous arracher un sourire ? Je citerai juste mon expérience durant le visionnage du film, pour apporter un début de réponse. Il y avait une trentaine de spectateurs en fin d'après-midi, il s'agissait du troisième jour d'exploitation et hormis un léger fou rire isolé, à un moment donné, c'est surtout un silence assez glaçant et les bruits de bouche de tous ces cuistres qui s'enferment dans une salle obscure pour dévorer du pop-corn et faire péter leur taux de sucre dans le sang, qui ont occupé le devant de la scène acoustique. C'est un bon indicateur tout de même, pas des plus rassurants. Au menu, parce qu'il faut que je vous en touche un mot aussi (accessoirement), on retrouve Frank Drebin, flic aussi subtil que le dernier album de Patrick Sébastien, qui s'emploie pour sauver les États-Unis d’un milliardaire complètement dingue. Drebin Jr. en réalité, censé être le rejeton du personnage incarné par Leslie Nielsen. Une filiation qui est au cœur de deux des scènes les plus réussies du film. Lorsque tout les flics du commissariat rendent hommage à leurs ancêtres respectifs (l'occasion de placer une banderille en direction d'O.J.Simpson) et dans le final, lorsque Neeson se retrouve suspendu aux serres d'une chouette qui serait potentiellement l'esprit de son paternel. C'est tellement régressif et idiot qu'on adhère. Bref… une sorte d'Elon Musk de pacotille et ses acolytes mettent au point un plan machiavélique pour contrôler les foules et pratiquer d'une forme d'eugénisme mondial, grâce à une invention révolutionnaire, et la police spéciale confie à Drebin la mission de l’arrêter. Malheureusement, son sens de l’investigation est aussi fiable qu'un TGV qui roule sur le réseau sud-est en période de canicule : chaque piste tourne à la catastrophe. Explosions accidentelles, infiltrations ratées et interrogatoires qui dégénèrent, Drebin progresse quand même, souvent malgré lui. L’affaire se corse quand il croise Beth (Pamela Anderson, donc), une séductrice aux motivations troubles qui n'est pas insensible aux charmes surannées du flic gaffeur. Ensemble, ils vont déjouer les plans des odieux méchants de l'histoire. Au rythme d'un gag toutes les vingt secondes, souvent lourdingues, dans le plus pur esprit de la recette gagnante d'il y a trente/quarante ans. Le plus étonnant dans cette aventure ? L'impossibilité de formuler un jugement pertinent et équilibré. Après tout, vous savez pourquoi vous avez acheté votre billet, vous devez réaliser qu'après l'heure, ce n'est plus nécessairement l'heure, alors ne venez pas non plus vous plaindre. Débranchez tout, et vous sourirez (un peu).




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