The killer (de David Fincher / sur Netflix)
Exposer le synopsis de ce film est relativement simple : c'est le portrait d'un tueur, un assassin professionnel qui ne se préoccupe pas de savoir pour quelle raison il a été recruté, qui ne s'embarrasse pas de l'opinion politique ou du statut social de sa future victime. Place à Michael Fassbender en as de la gâchette taiseux et méthodiquement préparé. Avec une particularité : il ne manque jamais sa cible. Jusqu'au jour où fatalement, cela finit par arriver : ça se produit à Paris, il est alors contraint de fuir, regagner sa planque à Saint-Domingue tout en éliminant les traces derrière lui. Seulement voila, notre homme n'est pas le seul assassin sur le marché et un couple de ses collègues est venu lui rendre visite, torturant au passage sa petite amie pour obtenir des informations, une fois constatée son absence. Dès lors, dans un grand classique du cinéma américain d'action, c'est une vengeance qui commence. Notre protagoniste va remonter toutes les étapes du contrat qu'il a échoué à exécuter, zigouillant sur son passage ceux qui se sont retournés contre lui, jusqu'à se retrouver face à face avec "le client", celui qui au départ a initié la mission. Le tout avec une économie de moyens et de parole assez évidente, agrémentée d'une bande son pertinente qui se partage entre Trent Reznor et Les Smiths. Fincher s'est attiré les foudres de beaucoup de censeurs car il a choisi les dollars de Netflix, plutôt que le parcours traditionnel qui mène à la consécration sur grand écran. On lui reproche d'avoir livré un long-métrage mineur et de ne pas avoir fait preuve d'une originalité à toute épreuve. Moi qui suis fan de l'animal, je peux vous garantir qu'au niveau de l'ambiance, du savoir faire filmique et du caractère clinique du produit fini, la pâte du réalisateur est bien là. J'ai pris un plaisir certain à suivre ce "tueur", qui certes ne révolutionnera en rien le genre mais reste un divertissement très efficace, et qui en plus a le bon goût de ne pas s'éterniser pendant trois heures. L'art aussi de passer entre les gouttes à une époque où tout est conservé sur caméra, tout est enregistré, catalogué, fiché. Fassbender (sans nom véritable et certain) traverse une série de lieux qui n'en sont pas vraiment, fait de l'attente et de l'ascèse un modus operandi gagnant, laisse l'empathie et la pitié au placard. Froid et méticuleux, discret voire évanescent, le Killer peut être tout le monde, partout, mais surtout insaisissable. Comme le cinéma en 2023, dans votre poche, sur tous les écrans.
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