Le Comte de Monte-Cristo (de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière)
Au diable Stan Lee et les super héros de l'empire américain; chez nous, en France, nous disposons d'un patrimoine culturel et littéraire de premier ordre, avec notamment les romans d'Alexandre Dumas et leurs nouvelles adaptations 2.0. Après le diptyque consacré aux Mousquetaires, place au Comte de Monte-Cristo, c'est-à-dire un Pierre Niney victime d'un complot et jeté aux oubliettes pendant plus d'une décennie, jusqu'à ce qu'il revienne hanter la bonne société qui l'a allègrement trahi. Ceci pour asséner une vengeance implacable, qui a ses yeux n'est rien d'autre qu'une forme de justice immanente. Entre-temps, il a fait la connaissance dans les geôles de l'Abbé Faria (Favino grimé en maître des clés de Fort Boyard), qui lui indique comment et où mettre la main sur le prodigieux trésor des Spada, lui enseigne tout un tas de choses bien utiles (des langues étrangères aux mathématiques), tout en affinant son goût pour la vengeance à venir, à base de séries de pompes (pas simple de prendre de la masse, avec la dénutrition). Après une évasion rocambolesque, le nouveau compte de Monte-Cristo, qui s'appelait autrefois Edmond Dantès, réunit d'autres victimes des horribles traitres qui l'ont injustement condamné et prépare un plan machiavélique qui n'épargne personne et cible plusieurs générations. Le Comte autoproclamé dispose désormais d'une fortune colossale et qu'un QG à faire pâlir toute la noblesse, de gadgets improbables comme des masques pour s'inventer d'autres identités provisoires : on flirte avec le synopsis d'une série Marvel Disney +. Toutes les pièces du puzzle s'assemblent et on ne peut qu'admirer ce génie du mal qui œuvre pour son bien. Les puristes des romans de Dumas devront se pincer le nez, notamment pour ce qui est de la dernière partie du film, mais il est ici surtout question d'une adaptation pour le grand écran, qui correspond aux attentes du public moderne, essentiellement préoccupé par le regard de Dantès/Monte-Cristo, de ce qui le pousse à agir, inflexible, inébranlable, inéluctable. Même Mercedes, celle qu'Edmond devait épouser avant la déchéance, ne suffit pas à ébranler ses sinistres convictions (Le Comte est un ancien naïf qui croyait que l'amour peut être éternel. C'est sooo 19° siècle, ce concept…). Ma foi, puisqu'il s'agit de cinéma et d'un produit à ranger dans la catégorie "divertissement de masse", le fait est que l'ensemble fonctionne admirablement bien et qu'il n'oublie aucun des ingrédients pour obtenir un bon gros gâteau, à partager avec le plus grand nombre. Si l'on fait exception d'une musique parfois-pompière, qui vient très lourdement surligner certains des instants les plus dramatiques, le Comte de Monte-Cristo 2024 a tout pour être le nouveau petit carton des salles obscures et détrôner la gentille comédie d'Artus. Si Les Mousquetaires ressemblaient (de loin) aux Avengers, Dantes/Frank Castle n'est pas en reste. On attend la suite de ce Multivers qui aura peut-être le mérite de pousser une génération d'illettrés à prendre une carte à la bibliothèque. Rien que pour eux, un résumé en un mot de l'action du Comte quand il croise ses adversaires : "Cheh" !
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