jeudi 20 juin 2024

LES GUETTEURS / THE WATCHERS (De Ishana Shyamalan)

 Les guetteurs / The watchers (de Ishana Shyamalan)


Lorsqu'un joueur parvient à accéder à la première division sans passer par le centre de formation ou les étages inférieurs, nous sommes en droit de nous poser des questions ou d'attendre la manifestation d'un talent fulgurant. C'est valable aussi pour la politique, le cinéma… Ishana Shyamalan, c'est-à-dire la fille de "M Night Shyamalan", ne démontre, dans son premier film tourné à l'âge de 21 ans et financé/produit par Papounet, aucune compétence particulière permettant de crier au génie. Pourtant, le pitch est assez passionnant. Il s'agit de l'adaptation d'un roman de A.M. Shine, l'histoire de créatures mystérieuses qui retiennent captif dans la forêt un groupe de 4 personnes, et les observe avec une curiosité malsaine et terrifiante, dès la tombée de la nuit, jusqu'à l'aube. Impossible pour Mila (et les autres victimes) de s'enfuir, de leur fausser compagnie, sous peine d'être rattrapée et probablement dévorée dans la forêt, ou de subir la colère des "guetteurs" au coucher du soleil. Le climat est bien entendu étouffant et l'enjeu majeur, à savoir comment parvenir à s'échapper et quitter la forêt, et étoffé par toute une série de fausses pistes et de faux semblants, qui amènent le spectateur à s'interroger sur la dynamique des relations entre les "prisonniers". Le problème, c'est que pour qu'un film de ce type fonctionne, il faut que la résolution de l'intrigue, le grand final, soit à la hauteur du reste. Et malheureusement, c'est loin d'être le cas : le dernier quart d'heure lorgne même ouvertement du côté du ridicule, avec un pathos hors de propos et l'irruption de bons sentiments et d'un discours mielleux sur la condition humaine, qui vient mettre à mal un danger surnaturel et jusqu'alors inébranlable. On sort du film en ayant l'impression que cet épilogue nous prend vraiment pour des pigeons. Il y a globalement tout un tas de bonnes idées dans ces Guetteurs, mais la plupart du temps elles ne sont que survolées, rarement approfondies, ou même carrément humiliées par des choix douteux, de l'horreur farce et attrapes et/ou burlesque (sans négliger des effets sonores pompiers. Si vous voulez entendre un vol d'oiseaux qui ressemble étrangement au vrombissement d'hélicoptères…). La jeune réalisatrice n'invente rien, recycle, recopie. N'oubliez pas, lorsque vous déposerez votre prochain CV à votre futur patron, d'ajouter une catégorie "arbre généalogique" bien en vue, de manière à multiplier vos chances. Les guetteurs est un exemple parfait de ce que nous insinuons et à l'évidence, même s'il y a probablement un vrai talent en devenir derrière la caméra, il reste encore énormément de travail à la fille de son père pour nous donner envie d'y croire.



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