Montaigne disait :
La parole est moitié à celuy qui parle, moitié à celuy qui l'escoute.
Ainsi en est-il du discours de Macron, si j'en juge par les premières réactions qui affleurent. Brillant orateur aux accents messianiques, Maigrelet Premier a délivré une de ses prestations les plus habitées, et a beaucoup parlé. Mais la quantité ne peut pas toujours remédier à la qualité. Nous avons désormais une date (approximative, rappelons-le, car il ne s'agit pas d'une certitude gravée dans le marbre, elle est sujette à l'évolution d'une épidémie capricieuse), mais cet horizon est vague, lointain, et surtout nous ne savons toujours pas comment il nous sera donné de l'atteindre. Une promesse de masques pour tous, et de tests généralisés, ne doit pas nous faire oublier les mêmes mots, les mêmes engagements, reniés et trahis ces dernières semaines. Le gouvernement navigue à vue, égaré au large, et ce n'est pas en criant "Terre, Terre" après avoir aperçu l'ombre d'une mouette dans la lunette que le capitaine du navire est en mesure de rassurer son équipage. Prenez par exemple la grande supercherie de la réouverture des écoles, dès le 11 mai. L'adjectif capital est "progressive". Sans oublier la mention de gestes barrières à respecter, et d'une nécessaire adaptation des moyens. N'importe qui travaillant pour ou dans l'éducation, ou sachant comment sont organisés les établissements scolaires, comprend d'emblée que le Présidentissime annonce de l'omelette pour tous, sans avoir acheté les oeufs. Tout ceci pourrait faire (amèrement) sourire, si ce n'était la seule et unique raison d'être du macronisme depuis son instauration. De grands élans poétiques, le verbe fleuri et la promesse crâneuse, suivis d'une débâcle sociale, morale, humaine.
En dépit des apparences, Macron a beaucoup parlé, mais a bien peu dit. Probablement car il n'avait rien d'autre à nous dire, si ce n'est l'acte IV d'une grande tragédie populaire, qu'il déclame avec plus ou moins de conviction, à intervalles réguliers, dans la grand messe du journal télévisé
Qui n'engage que celuy qui l'escoute...
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