jeudi 9 avril 2020

LES PROMESSES D'UN DECONFINEMENT



On va nous déconfiner les amis, promis. Enfin, c'est ce qu'on murmure du bout des lèvres depuis hier, en se gargarisant de la flexion de la courbe des malades au stade critique, et des morts. Comment ne pas s'en réjouir? Sauf que tout d'abord la situation doit aussi assimiler l'invraissemblable carnage sanitaire qui sévit dans les Ephad, et dont les chiffres sont un coup révélés (mais jamais confirmés), l'autre coup à nouveau éludés. Et puis, force est de constater qu'il s'agit là aussi et surtout des premiers effets du confinement. Il ne faut pas être un génie en mathématiques pour comprendre que plus on prive les gens de contacts sociaux, et donc d'opportunités de (se) contaminer, plus les cas avérés de covid-19 seront revus à la baisse. Sans pour autant que nous ayons remporté la moindre victoire sur le virus. Nous sommes bien protégés dans les tranchées, et tant qu'on ne bouge ou sort pas trop la tête, on risque beaucoup moins de se faire tirer dessus.

C'est alors qu'arrive le second grand ennemi de l'homme, de l'être humain, de l'humanité. L'argent, l'économie, et son serviteur zélé, le travail. Le pays est à l'arrêt, que dis-je, presque tout le continent, et une bonne partie du monde (celle qui produit et consomme, là où circule le nerf de la guerre, le pognon). Cette situation ne peut perdurer trop longtemps. Chaque semaine, chaque jour même de perdu, correspond à une saignée inouïe et inédite, qui lacère à coups de scalpel notre organisme financièrement modifié, dont les grands fonds monétaires sont un peu le respirateur artificiel. Alors, pour ne pas voir s'effondrer un système que l'anémie économique risque de dégraisser dans la douleur, on commence d'ores et déjà par priver les plus pauvres du peu qu'ils n'ont pas forcément (10 millions de chômeurs en plus attendus aux Etats-Unis...) et on culpabilise tout les autres, en agitant le spectre de la reprise des activités au plus vite, au plus grand mépris de la sécurité des travailleurs. C'est pour cela que des ministres tirent des plans sur la comète chaque jour.... On va rouvrir les écoles aux alentours du, on va déconfiner à partir de.... Sauf que tous ces virologues émérites n'en savent pas plus que vous et moi, et n'en ont cure, ils ne sont que les joujoux des grandes puissances financières, qui les ont sommés de siffler la fin de la récré à la première occasion.

C'est pour cela que je suis bien pessimiste sur la sortie de cette crise. Aux dernières nouvelles le coronavirus n'entend pas profiter du printemps pour s'en aller paresser sur des rivages lointains, et se dorer au soleil. Je dirai même qu'il nous attendra bien perfidement au tournant, dès lors qu'on se précipitera tous au boulot comme des canards sans tête, poussés par des dirigeants aussi peu responsables que concernés. Les morts de ces derniers jours, cher colonel de la Gestapo de Paris, ce ne sont pas que celles et ceux qui ont fait un pied de nez au confinement, ce sont aussi celles et ceux que vous avez envoyé au combat sans armes ni munitions, celles et ceux qui ont été fauchés dès qu'ils (elles) ont sorti la tête de la tranchée, ou pire encore, qui sont aller voter ou comptabiliser les bulletins de vote. Une mort glorieuse au service de l'état, en silence, tandis qu'on se prépare à tout recommencer de zéro. Allez, revenez, c'était pour déconner, vous n'aviez pas compris?

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