samedi 14 décembre 2024

FRANÇOIS BAYROU PREMIER MINISTRE, MIEUX VAUT (TROP) TARD QUE JAMAIS ?

 Ainsi va l’élu, aux rêves démesurés,

Un roi sans couronne, de scandales entouré.

Et l’histoire, moqueuse, d’un sourire narquois,

Grave dans ses pages ses pas maladroits.


François Bayrou, bien qu’issu de la droite guindée de l’échiquier politique, aura passé l’essentiel de sa carrière à incarner un centrisme flou, parfois qualifié de "mollasson". Toujours prêt à suivre les puissants selon la direction du vent, il a souvent su, à l’occasion, se cabrer et adresser quelques remontrances pour maintenir une crédibilité indispensable à la séduction des esprits les plus naïfs. Rebelle, vu de loin. Les moments marquants de sa carrière s’effacent derrière un geste fondateur, symbole d’une vie d’intrigant rarement couronnée de succès : cette gifle administrée en 2002 à Strasbourg, en réponse au projet audacieux d’un jeune garçon des quartiers qui semblait vouloir lui faire les poches, lors d’une visite ministérielle. L’événement avait une saveur singulière, disons grotesque, presque un safari de pacotille organisé dans une réserve africaine, par des promoteurs douteux. Par chance, c’était une époque où les réseaux sociaux n’existaient pas encore, pour hisser ou abattre un homme en quelques clics, et où le citoyen lambda n’avait pas encore pris l’habitude de judiciariser la moindre offense dans l’espoir d’en tirer monnaie sonnante et trébuchante. Même la tempête n'a pas voulu de Bayrou, qui dû se contenter d'une légère houle. 

Notre extrême centriste a souvent flirté avec le pouvoir, l’effleurant sans jamais véritablement l’atteindre. À plusieurs reprises, il a cru toucher au Graal présidentiel, mais jamais il ne parvint à se qualifier pour le second tour d’une élection. En 2017, il alla jusqu’à se sacrifier pour ouvrir la voie à Emmanuel Macron Premier, notre empereur actuel, qui lui rendit l’ascenseur en le caressant dans le sens du poil, sept ans durant, et en lui offrant un ministère dès son accession au pouvoir. Mais la petite sauterie fut gâchée par des ennuis judiciaires, toujours pendants à ce jour. Ces satanés assistants parlementaires, qui angoissent Marine et François, victimes d'une justice marxiste léniniste et partiale. Aujourd’hui, le "petit" François, ou le "grand", selon le point de vue, a enfin atteint son objectif… ou presque. Il ne doit pas s’illusionner : en conférence de presse, lors de la passation de pouvoirs avec Papy Garnier,  il évoque ce gamin qu’on invite à tirer le dernier penalty décisif, non pas par mérite, mais par défaut. François et ses culottes aussi courtes que ses idées, c’est le onzième tireur, celui qui arrive après les dix premiers choix. Même le gardien a été appelé en neuvième position. Si la série s’éternise et que la qualification se joue encore, ne comptez pas sur lui pour lever la coupe au ciel : ses pieds carrés enverront inévitablement le ballon dans les tribunes, ou pire, il percutera et fracassera les projecteurs, extinction des feux, l'heure de vider le stade. François Bayrou incarne cette classe politique qui, depuis plus de cinquante ans, s’accroche à la bête comme une tique, et se nourrit de son sang. Chaque fois qu’on croit s’en débarrasser, elle survit, bondit sur un nouvel hôte, et reprend sa discrète mais tenace besogne de parasite. Et si votre principale préoccupation est votre pouvoir d’achat, soyez assuré que des figures comme Bayrou sauront toujours vous expliquer comment vous passer de l’essentiel tout en vous rappelant l’impérieux devoir de rêver le superflu, pour "relancer l’économie". Ces gens-là, proches du peuple ? Oui, d’une certaine manière : comme un pickpocket qui, dans une rame bondée, vous colle de près pour mieux vous délester.

Tiens, cela nous ramène à ce jeune trublion des banlieues et à cette gifle. La boucle est bouclée, voire peut donner des idées. 



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire