mardi 31 décembre 2024

ELISABETH BORNE (ET LES AUTRES) : LE VIDE À MAYOTTE

 C'est parfois la forme qui éclaire le fond. Et dans le cas de la visite d’Élisabeth Borne à Mayotte ce lundi, la forme s'est avérée, avouons-le, désespérément révélatrice. En débarquant sur l’île pour constater les dégâts, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale n’a eu à offrir ni solutions concrètes, ni plan de secours, ni même un jerrycan d'eau. Non, juste une compassion de façade et quelques mots bien polis, la doctrine officielle d'un gouvernement mal né et bientôt mort, ressassés et appris par cœur durant le vol, en cabine business premium. Mayotte, ce petit bout de France oublié, où l’eau est plus rare qu’un bon discours de notre Souverain, a été témoin d’une performance inédite : à peine entrée en jeu, la néo-ministre avant-centre de Grenelle a réussi l'exploit d'inscrire un but contre son camp en moins de 30 secondes. Interpellée par des enseignants exaspérés – qui lui exposaient le cas de ces autochtones qui doivent parcourir dix kilomètres en plein cagnard pour trouver une simple bouteille d’eau – elle a répondu de la manière la plus méprisante possible : en tournant les talons. Il faut admettre, à sa décharge, qu'elle n’avait pas grand-chose à ajouter, au sujet d'un dossier dont elle ignore l'essentiel et auquel il n'est pas certain qu'elle puisse nous convaincre de s'être intéressée. Envoyée en éclaireuse pour promouvoir les bien fumeux "commandos de reconstruction" promis par François Bayrou (Premier ministre par intérim et VRP de la vacuité), Élisabeth Borne n’a fait que démontrer, une fois de plus, que l'empathie est une qualité qui n'est pas distribuée à tout le monde, à la naissance.


Oui, au fait, les professeurs fuient Mayotte. Qui pourrait leur en vouloir ? Ces derniers n’ont même plus de logements décents et doivent enseigner à des élèves dont les familles vivent dans des habitations de fortune, dont des toits en tôle ondulée se sont envolées au quatre coins de l'île durant la tempête. Pendant ce temps, l’État français nie ses responsabilités et continue de faire semblant de découvrir l'effarante pauvreté des lieux. Ce serait, selon certaines sources bien informées, la faute de l'immigration incontrôlée. Ben voyons, dirait Gargamel. Le fait est que ce gouvernement de sports d'hiver, disons-le franchement, n’a rien à proposer. Rien. Il est là par inertie, faute de mieux, faute d'accepter le résultat des urnes, surtout. Et Élisabeth Borne, ministre de quasiment tout et spécialiste de pratiquement rien, n’est qu’une pièce rapportée. Elle aurait aussi bien pu finir à l’Agriculture ou à la Justice : une petite récompense attribuée pour service rendu, un poste par défaut pour celle qui, autrefois, prétendait venir de la gauche mais incarne désormais le pire d’une bourgeoisie hors sol. Cette même bourgeoisie qui pense que la réalité est une matière malléable, qu’elle peut tordre à loisir comme un vulgaire trombone administratif. En vérité, Élisabeth Borne est le miroir éloquent de ces sept dernières années : un gouvernement qui tend le micro au peuple, mais seulement pour mieux lui fracasser sur le crâne quand les réponses ne plaisent pas. Jusqu’à quand devrons-nous supporter cette pitrerie en bande(s) organisées(s) ? Cette comédie de boulevard où les premiers rôles sont tenus par des acteurs qui improvisent leur texte, et où le public, lassé, commence à quitter la salle avant même le troisième acte. La prochaine tempête ne sera peut-être pas météorologique, mais citoyenne. Que le vent souffle, et fort !




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