mardi 7 janvier 2025

JEAN-MARIE LE PEN : SANS REGRETS ET EN ENFER

Si l'on en croit le portrait dressé par BFM TV après l'annonce du décès de Jean-Marie Le Pen à l'âge de 96 ans, il semblerait que nous ayons eu affaire à un personnage politique "clivant". Certains commentateurs ont souligné son goût pour la provocation, son art de l'outrance et sa propension à adopter des positions controversées. Les mêmes observateurs auraient probablement décrit Benito Mussolini, quelques décennies plus tôt, comme un démocrate "pas toujours très gentil". L'euphémisme, ici, s'érige en art, mais un art au service de la bienséance, de l'hypocrisie, et peut-être d'une certaine gêne face à la banalisation des idées du défunt, qui ont infusé dans pas mal de rédactions.

Car oui, les idées de cet homme ont bel et bien fait un sacré bout de chemin dans le débat public, au point de rendre une forme de racisme et de xénophobie décomplexée presque acceptable. Ces derniers mois, si vous n'étiez pas coupé du monde, vous avez sans doute remarqué à quel point des représentants de ce que l'on appelle "l'extrême gauche" en France ont été accusés d'antisémitisme pour des propos polémiques, pourtant non dénués de bon sens, la plupart du temps. Clairement, l'antisémitisme, le vrai, reste l'apanage de l'extrême droite. Ce n'est pas une opinion, mais un fait. Le Pen, c'était un triste sire, plusieurs fois condamné pour antisémitisme, xénophobie, appel à la haine raciale, homophobie, et révisionnisme. Un ancien tortionnaire, reliquat des exactions françaises en Algérie. Les chambres à gaz "n'ont probablement pas existé" selon lui, car "il ne les a pas vues" – une déclaration toujours disponible sur Internet, merci les archives. Parler de "goût pour la provocation" à son sujet relève donc de la litote. La provocation, c'est chercher à choquer, à susciter une réaction. Ce n'est pas nourrir en soi une haine viscérale envers ce qui est différent et souhaiter son anéantissement, tout en faisant des effets de manche sur les plateaux télévisés, qui ont la complaisance de se prêter au jeu de l'ignominie.

Avec cette disparition – trop tardive pour les plus lucides –, le débat refait surface : peut-on séparer l'homme de ses idées ? Comme si, dans le cas de Jean-Marie Le Pen, il existait une distinction entre les deux. Comme s'il était anodin de prendre un verre avec "le Borgne", figure la plus malfaisante de la Cinquième République, sans que cela n'implique partager, au moins en partie, ses haines et ses objectifs. Imaginez un instant quelqu'un dire : "Oui, j'étais ami avec Adolf Hitler, mais c'est parce que nous partagions une passion pour la peinture." Il faut savoir séparer l'artiste du dictateur, en quelque sorte ? Je conclurai par une observation qui, je le sais, ne plaira pas à tout le monde. Parmi ceux qui liront ces lignes, il se trouvera forcément des personne choquées ou en désaccord total avec ce que j'affirme. Quelqu'un qui aurait rendu hommage, ou souhaité le faire, à ce dinosaure malfaisant. À ces personnes, je dis ceci : vous appartenez à la même catégorie de nuisances dont le monde pourrait aisément se passer. Et, croyez-moi, vous n'inspirerez ni regret ni tristesse, sauf peut-être chez vos semblables – d'autres mauvaises herbes du même acabit. Si l'enfer existe, Jean-Marie y danse ce soir.



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