dimanche 19 janvier 2025

WOLF MAN (de Leigh Whannell)

 Blumhouse et le réalisateur Leigh Whannell se sont lancés dans un projet fascinant : réécrire certains mythes et monstres emblématiques de la culture populaire. Après le succès inattendu de L’Homme invisible il y a quelques années, ils s’attaquent cette fois à une autre figure légendaire : le loup-garou. Ce monstre, régulièrement exploité – traité et maltraité, en somme – au cinéma, est désormais perçu comme une caricature de la bête anthropomorphe, incapable d’habiter véritablement nos cauchemars, sauf si l’on se montre particulièrement sensible (ou allergique aux poils). Toute la difficulté réside donc dans l’art de reformuler une menace aussi stéréotypée. Comment tirer sur une corde usée sans qu'elle finisse par se rompre, un véritable tour de force qui défie les lois de la physique et de l'art.

Le résultat, dans le cas qui nous concerne ? Un long-métrage qui, sans révolutionner le genre, parvient à se démarquer et à offrir une expérience globalement agréable, malgré un début un peu déroutant. Les quinze premières minutes s’ouvrent sur Blake, un jeune garçon qui fréquente les forêts de l’Oregon, élevé par un père bourru, voire violent, adepte du survivalisme en milieu hostile. Une fois adulte (trente ans plus tard, sacré bond dans le temps), Blake (Christopher Abbott) s’est construit une vie plus stable, marié à une journaliste – même si leur couple traverse des tensions – et père d’une petite fille qu’il adore. Cette routine est bouleversée lorsqu’il reçoit une lettre annonçant que son père, longtemps porté disparu, a été déclaré officiellement mort. Cependant, pour toucher l’héritage, Blake doit retourner dans la maison familiale, isolée en pleine forêt. C’est là que les choses se compliquent, bien évidemment : une créature redoutable rôde dans ces bois. Inutile de ménager le suspense, il s’agit évidemment d’un loup-garou. Dès la première nuit, celui-ci attaque le véhicule chargé du déménagement. Une simple griffure au bras suffit à condamner Blake, désormais promis à une transformation irréversible en monstre. Le film se recentre alors sur sa métamorphose progressive, sur les relations entre les trois membres de la famille, et sur leur lutte pour survivre face à ce loup-garou qui, obstinément, cherche à pénétrer leur refuge. Les heures passent, lentement, l'aube est encore loin… Certes, le scénario reste classique, mais le film possède un charme indéniable et se distingue par quelques trouvailles ingénieuses. Parmi elles, une alternance de plans entre la vision nocturne du monstre et celle, plus ordinaire, des membres de sa famille, qui renforce l’angoisse et illustre leur incapacité à se comprendre mutuellement. Ce point de vue, qui instaure une vraie barrière linguistique et émotionnelle, apporte une profondeur supplémentaire à leur confrontation. On pourrait tout de même reprocher au film de pencher, dans son dénouement, vers les bons sentiments plutôt que de plonger pleinement dans une terreur brute. Toutefois, ce choix se comprend : un récit centré sur un noyau familial exige une certaine accessibilité pour séduire un large public. Vous vouliez donc un carnage, bande de désaxés ? Au final, ce long-métrage offre une relecture du mythe du loup-garou à la fois sincère et digne. Cela faisait longtemps qu’un film ou une œuvre culturelle n’avait traité ce monstre avec autant de conviction. En attendant la prochaine exploration des mythes, qu’il s’agisse de Frankenstein, de la Momie ou – dans un futur proche – de Vincent Bolloré ou Elon Musk, il y a encore beaucoup de potentiel à exploiter dans le folklore monstrueux.



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