Simple Minds : Tout est possible, documentaire de Joss Crowley
Pour ceux d’entre vous qui ont moins de 40 ans, Simple Minds évoque sans doute une vaste plaisanterie. Mais pour les autres, ceux qui ont vécu la fin des années 1970 et surtout les flamboyantes années 1880 en temps réel, ce nom résonne comme une légende. Oui, il fut un temps où Simple Minds était au sommet du monde, ou du moins tout près, s'en était pas mal rapproché, après une ascension remarquable.
Tout a commencé en pleine crise industrielle et sociale, à Glasgow. Des gamins issus de la classe ouvrière, portés par un désir d’évasion, rêvaient de grands horizons, et c’est la musique qui allait leur en ouvrir les portes. C’était l’époque des débuts tumultueux du punk, mais aussi des premières ébauches d’une musique électronique prête à enflammer les pistes de danse pour une décennie entière. Avec un nœud dans la gorge et le cœur lourd, la new wave dans tout son panache. Simple Minds a choisi d'emblée de composer des morceaux qui traduisaient leur vision de l'art et leur passion, tout en lorgnant vers une reconnaissance mondiale, obtenue grâce à quelques coups du sort (Don't You (Forget About Me) en 1985, dans la BO de The Breakfast Club et que Jim Kerr ne voulait pas enregistrer) et des tubes phénoménaux (Alive and kicking, Mandela Day…) Ce qui définit avant tout Simple Minds, c’est l’énergie brute dégagée sur scène. Que ce soit dans une petite salle surchauffée ou un immense stade, leur présence reste électrisante. Ils ont su transcender ces espaces, là où d’autres se cachaient derrière des écrans géants impersonnels, donnant parfois l’impression de contempler des fourmis gesticulantes au loin. Comme beaucoup de groupes de cette époque, Simple Minds a vécu à cent à l’heure, enchaînant sans répit l’écriture, les enregistrements en studio, les sorties d’albums, les tournées mondiales, puis recommençant inlassablement. Mais même le plus grand tube de dentifrice finit par se vider, à force d’être pressé soir après soir. L’inspiration s’est tarie, le public est passé à autre chose, et l’élan des débuts s’est progressivement estompé. On les a vus glisser vers une relative discrétion, leur éclat fané, bien que soutenus par un noyau dur de fans fidèles. Malgré les changements constants de line-up, Simple Minds a su préserver son essence. Ce documentaire, cette histoire, marquée par la sincérité et une simplicité désarmante, est racontée par Jim Kerr et Charlie Burchill, les âmes fondatrices du groupe. Deux amis d’enfance qui, partis d’un rêve improbable, se retrouvent aujourd’hui parmi les figures légendaires du rock et de la new wave. De la morosité écossaise et son délabrement industriel, aux paillettes du star system, un sacré voyage qui a de quoi vous perdre perdre le nord.
Désormais, c’est en Sicile, à Taormina, que l’on retrouve Jim Kerr. Entre discours passionnés sur le football et envie intacte de monter sur scène, il porte un regard apaisé sur leur carrière. Les dernières cartouches du groupe s’apprêtent à être tirées, mais cela importe peu : la guerre, la vraie, est terminée depuis longtemps. Il ne reste qu’à s’éclipser avec dignité, en gardant à l’esprit ces hymnes inoubliables et ces refrains d’autrefois, gravés à jamais dans la mémoire collective.
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