vendredi 3 janvier 2025

LES AVENTURES D'ANGUILLA DANS LA ZONE CONCAFAF

 Territoire britannique d’outre-mer en forme d’anguille (merci Christophe Colomb pour cette imagination débordante), Anguilla est une petite île de 91 km² située à l’est de Porto Rico. Elle est peuplée de 18 000 habitants, principalement des descendants de populations africaines. Pour tous les passionnés de football, Anguilla est une sorte de nation inconnue, une terre où le ballon rond rime avec système D et fleure bon l'amateurisme total. Le pays n’a rejoint la FIFA qu’en 1996, et son premier match officiel remonte à mars 2000, lors des éliminatoires du Mondial nippo-coréen. Résultat ? Une défaite honorable : 1-3 à l’aller et 1-2 au retour face aux Bahamas (qui n'a rien d'une puissance mondiale). Pas mal pour un début, non ? Aujourd’hui, Anguilla veut aller plus loin, et les obstacles n’ont fait qu’aiguiser la créativité de sa fédération.

Pour un peu d'espoir, il faut méditer les aventures de René Simões, un coach brésilien moustachu qui a accompli un miracle en qualifiant la Jamaïque pour la Coupe du monde 1998. À l’époque, dénicher des talents dans les différents clubs internationaux, surtout pour des petites nations, relevait de l’exploit. Une fois arrivé à Kingston, il a écumé l’île et la Grande-Bretagne à la recherche de joueurs. Résultat : la Jamaïque a non seulement participé au Mondial, mais elle a aussi décroché une honorable 4ᵉ place à la Gold Cup et remporté la Coupe caribéenne la même année. Aujourd’hui, avec Internet, les choses sont plus simples… sauf quand elles tournent au vinaigre. Il suffit de demander à Ben Brereton Diaz (Southampton), par exemple : convoqué par le Chili grâce à un fan de Football Manager, il se fait encore houspiller par son coach pour son espagnol balbutiant trois ans après. Mais parfois, l’amour du maillot fait des miracles, comme pour Brahim Diaz avec le Maroc, ou les frères Younghusband, légendes du football philippin après avoir été repérés… toujours sur Football Manager. Oui, il y a de l'espoir pour vous autres, sportifs de canapé, le joystick à la main. Quel rapport avec Anguilla, me direz-vous ? Patience, ça vient. Le football caribéen ne cesse de nous offrir des histoires rocambolesques, notamment pendant les qualifications de la CONCACAF pour le Mondial 2026. Parmi les équipes engagées au 1ᵉʳ tour, Anguilla – 209ᵉ au classement FIFA – faisait figure de Petit Poucet (malgré son joli blason arborant trois dauphins en cercle). Lors des deux matchs en aller-retour en mars dernier, tout s’est joué aux tirs au but après des scores nuls de 0-0 et 1-1. Et, divine surprise ! Anguilla a éliminé les îles Turques-et-Caïques (cherchez sur la carte). Une victoire historique qui mérite d’être soulignée… même si, soyons honnêtes, le palmarès reste catastrophique : en 92 matchs officiels, seulement huit victoires, dont quatre contre les îles Vierges britanniques, et un total de 359 buts encaissés (la parole est à la défense). Malgré tout, le capitaine Germain Hughes, milieu défensif qui évolue à Trinidad et Tobago, continue de porter l’équipe à bout de crampons. Mais même lui n’a pas pu empêcher Anguilla de s'incliner par deux fois face au Bélize (cherchez sur la carte, again) ou de sombrer face à Porto Rico (0-8) ou le Suriname (0-4)

La solution pour progresser ? Les réseaux sociaux, pardi. La fédération a publié une annonce sur Twitter (X, si vous préférez) pour recruter des joueurs prêts à défendre les couleurs du pays. Certains candidats se manifestent directement, d’autres relaient l’annonce pour agrandir le vivier potentiel. Et il y a urgence, car il faudra défier le Salvador et Saint-Vincent, en juin prochain. Des affiches de premier ordre. Le défi est d’autant plus grand que l’équipe actuelle compte 13 joueurs de moins de 20 ans, dont deux nés en 2008. D'abord, on fait ses devoirs, et ensuite on demande la permission pour aller jouer avec les copains. Mais pourquoi pas ? Même ailleurs dans le monde, des nations comme l’Indonésie envisagent d’intégrer des joueurs comme Calvin Verdonk (NEC Nimègue) ou Jairo Riedewald (Crystal Palace). Avec un réservoir de joueurs à naturaliser au-delà des frontières, les petites équipes peuvent rêver plus grand. Si vous avez un cousin éloigné à Anguilla (ou vous souhaitez épouser une anguille, pardon, une anguillane), foncez postuler. Sinon, investissez dans une villa sur l’île et venez encourager l’équipe au Ronald Webster Park, qui, au départ, est un terrain de cricket. L'île réserve des surprises, son nom de domaine en "ai" est d'ailleurs en pleine explosion, puisque ces initiales sont les mêmes que celles de l'intelligence artificielle. Une équipe nationale à emmener sur le toit du monde, ça vous inspire ?


 

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