Définir avec précision ce que représente réellement le courant musical connu sous le nom de trip-hop n’est pas chose aisée. On en garde souvent l’image d’une musique mélancolique, rêveuse, parfaite pour accompagner un spleen un jour de pluie, lorsque le ciel semble vouloir s’effondrer. Pourtant, cette vision demeure réductrice. Le genre, bien plus riche et nuancé, compte des artistes capables de transcender ces clichés en y insufflant des touches de funk, d’électro, voire de rock. Ils parviennent ainsi non pas à nous plonger dans la morosité, mais à nous inviter à savourer un spritz au bord d’une piscine, loin des idées sombres et des ambiances oppressantes (vous pouvez décrocher la corde au plafond du salon). C’est précisément le cas du groupe de Jean-Yves Prieur, dont le dernier opus, paru le 22 novembre, illustre parfaitement cette diversité d’approches. Fidèle à son ADN musical, Kid Loco nous livre une œuvre romantique et sensuelle, tout en renouant avec les sources d’inspiration qui avaient marqué l’inoubliable A Grand Love Story, un monument de la fin du XXe siècle; cet album, que je ne me lasse pas de redécouvrir, qui brille encore par son atmosphère envoûtante et voluptueuse. Les nouvelles compositions, en 2024, se distinguent par la présence de vocalistes invités (Lisa Li-Lund qui éclaire les deux premiers titres, Rocket Mike qui encanaille l'ambiance, ou encore la distinction d'Horace Andy et son timbre de voix si recherché) , qui enrichissent les morceaux et les poussent vers la "chanson". On comprend vite que l’ambition est de replacer le "beau" au cœur de la scène : une rythmique envoûtante nous emporte, à peine perturbée par quelques incursions rap ou des envolées rythmiques plus affirmées. Orgues planants, claviers inspirés, arpèges électroniques et un dub subtilement dosé composent le paysage sonore de Country Islands, lies & vanités. Bien qu’il ne soit peut-être pas l’œuvre maîtresse intemporelle de la carrière de Kid Loco, cet album s’écoute avec un plaisir non dissimulé, sans la moindre ombre de culpabilité.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire