L’odeur de la bête, de Philippe Curval (1981)
Les Américains et les Russes, après avoir exploré l'espace et colonisé de nombreuses planètes, sont au cœur de ce roman. L'histoire commence avec Antoine Stapole, un médecin biologiste envoyé par le régime soviétique sur Shafton, une colonie récemment rachetée aux Américains. Déconcerté par l'étrange architecture de Soyouz, la capitale de cette planète, Staple entreprend de découvrir les peuples indigènes qui y vivent et qu’il décide de soigner en priorité, plutôt que les colons humains.
Les "locaux" se divisent en deux groupes : d'un côté, les Shaft, des autochtones à la peau rouge, qui semblent se contenter de plaisirs simples et s'adaptent facilement à la doctrine socialiste ; de l'autre, les Naonyths, des créatures proches de fauves nuisibles. Ces dernières sont traquées et exterminées, tant pour les dégâts qu'elles causent aux productions agraires que pour leur cuir, très recherché. Mais ce n'est pas tout : au fil de son enquête, Stapole découvre que ces "animaux" possèdent des facultés étonnantes et une essence particulière qui finiront par le fasciner. Le roman se déploie alors comme une investigation sociale et sociétale sur un monde prétendument socialiste, avant de bifurquer vers des thématiques plus troublantes, mêlant sensualité et bestialité. Philippe Curval propose ici l'une des rares incursions réussies de la science-fiction dans le domaine des relations entre espèces radicalement opposées. Avec son style érudit et envoûtant, l'auteur plonge le lecteur dans des instincts primaires sans jamais tomber dans la facilité ou la vulgarité. Ce roman, délicieusement suranné mais d'une intelligence rare, est disponible dans la collection (incontournable) Présence du futur, éditée par Denoël.
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