jeudi 7 novembre 2024

L'EFFONDREMENT (D'EDOUARD LOUIS)

 Edouard Louis : L’effondrement


Le sarcasme est facile. Tout de même, voici quelqu'un qui n'écrit de romans qu'à propos de sa propre famille. Toute l'œuvre d'Édouard Louis donne à voir la même scène, mais le lecteur a ainsi l'occasion de tourner autour et selon la perspective, le regard porté sur les événements, ceux-ci assument une toute autre valeur, une toute autre importance. Avec toujours en toile de fond un déterminisme social qui flotte au-dessus des têtes comme une malédiction, le couperet toujours prêt à s'abattre. L’effondrement raconte la disparition à 38 ans du grand frère de l'auteur, qu'il n'avait pas vu depuis dix ans. Une nouvelle fois, c'est un livre puissant, d'une puissance dont tout le monde peut percevoir les échos mais dont uniquement ceux qui ont touché la réalité de ce qui est écrit peuvent comprendre la violente substance. Un grand livre, porté par un geste hautement symbolique, celui d'un frère qui accepte de n'avoir jamais finalement aimé son aîné, au point de pouvoir porter un regard analytique sur le drame, expurgé des affects artificiels et de la mièvrerie redoutés, pour comprendre l'insondable et l’inavouable, autrement dit pour échouer à cerner celui qui n'aura jamais vraiment été compris. Le parcours d'une épave, d'un vaincu (par l’alcoolisme, la haine de soi, l’impossibilité d’une fuite), sans que l'on sache vraiment à quel moment la partie était perdue. Peut-être même avant qu’elle ne débute ? Bref, à lire immédiatement, de toute urgence.




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