Un silence (de Joachim Lafosse)
Existe-t-il encore un espoir ? Peut-on encore avoir foi en les institutions quand ceux qui sont censés défendre les victimes de pédophilie sont eux-mêmes des hommes profondément troublés, parfois pris dans la consommation d’images pédopornographiques, avec un passé lourd et obscur ? La question se pose dans ce film où Daniel Auteuil incarne un personnage plutôt malaisant, un avocat rodé aux joutes oratoires et incarnation médiatique d'une lutte salvatrice, époux d'une Emmanuelle Devos qui noie sa honte dans le déni et l'illusion que ces choses là, ça se guérit, comme on peut guérir d'une grippe. Le film, contemplatif et lent, guide cependant assez rapidement les spectateurs attentifs vers une direction claire et une issue prévisible. C’est un long-métrage bien construit, même s’il manque de surprises ou d’audace pour véritablement captiver ou bousculer. Il reste toutefois suffisamment bien mené pour nous inciter à aller jusqu’au bout. La dernière partie, consacrée au fils adoptif en pleine perdition, tombe malheureusement dans la caricature. Filmée caméra à l’épaule, elle bascule dans un portrait presque grotesque de l’abandon éthylique en chute libre. Et comme souvent dans ce genre de clichés, cela passe par un enchaînement d’alcools piochés dans le minibar, une Corona lors d’une soirée étudiante, avant une conclusion dramatique, couteau à la main. En fait, peut-être que l’essentiel du film réside dans son titre : Un silence. Le silence de ceux qui savent, mais qui préfèrent profiter du confort de leur situation professionnelle, de l’image lisse et factice d’un couple ou d’une famille, unis par un sombre secret. Des victimes, certes. Mais qui engendrent d'autres victimes, ce qui n'aide guère à compatir. D'ailleurs, grattez un peu le vernis, et la belle image, soigneusement photoshopée, laisse apparaître une réalité bien moins reluisante. Au fond, ce film, malgré ses défauts, s’avère troublant par sa proximité avec le réel. Si vous saviez ce qui se trame autour de vous…
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