mardi 1 avril 2025

L'INÉLIGIBILITÉ ET LE PETIT BRACELET : MARINE LE PEN ET LES MÉSAVENTURES DES FAFS

 Inéligible. Avec même des petits bracelets électroniques en cadeau. Du plus bel effet, et furieusement trendy dans la classe politique ces derniers mois. La sentence est donc tombée et n'a rien de clémente pour les droitards xénophobes qui hantent les réseaux sociaux et se sentent galvanisés par la fascisation progressive des esprits. Marine Le Pen est condamnée à une peine d’inéligibilité assortie d’une exécution provisoire, à appliquer immédiatement, donc. À moins qu’une cour d’appel ne revienne sur cette décision d’ici là, elle ne pourra pas se présenter à l’élection présidentielle de 2027. Pour la première fois dans l’histoire de la Ve République et de l’élection du chef de l’État au suffrage universel direct, la favorite à la course à l’Élysée a l’interdiction d’y participer. Et comme le veut la rengaine de la victimisation : c'est pas elle, elle n'y est pour rien. Ben voyons (pour reprendre un slogan bien connu, d'un autre condamné récent, par ailleurs. 9000 euros pour injures raciales, il y a moins d'une semaine de cela). Bénédicte de Perthuis et ses assesseurs avaient pleinement conscience de la déflagration qu’ils s’apprêtaient à provoquer. C’est pour cette raison que la présidente a pris le temps, plus de deux heures, pour expliquer en détail son délibéré, alors que l’usage veut que les peines soient d’abord prononcées. Celles-ci sont lourdes, mais sans grande surprise au regard de la tenue des débats, à l’automne dernier. Deux heures consacrées à des prévenus littéralement teubés, avec en point d'orgue une Marine outrée d'avoir été prise la main dans le sac, au point de quitter l'audience avant son terme. Madame boude.

C'est bien connu, la meilleure défense reste l'attaque. Ce qui n'exclut pas, pourtant, de conserver un peu de dignité. Pour le Rassemblement National, il est donc évident que la décision de rendre illégitime Marine Le Pen est hautement politique. Les juges sont soit corrompus, soit guidés par leur appartenance ou credo politique, en décidant d'éliminer la perfide blondasse de la course à l'Élysée. Autrement dit, ils sont tous innocents, du premier au dernier, car après tout, ne sont-ils pas des élus de la République ? Et qui dit élus, pour ces gens-là, signifie intouchables. Une caste qui ne peut être jugée par un tribunal classique, mais qui devrait être soumise au verdict du grand public, au nom d'une vague idée de la démocratie. Comme si cette dernière consistait à prendre des décisions à l'emporte-pièce, nourries par des médias complaisants et des fake news, au détriment d'un système judiciaire présenté comme asservi au pouvoir en place, et donc systématiquement en croisade contre l'opposition. Innocente ou coupable ? Envoyez un SMS et décidez du sort de ces pitres, en quelque sorte. Bref, le parti qui, autrefois, a tout fait pour se dé-diaboliser en revient à sa bonne vieille rengaine : seul contre tous. Ils n'ont jamais rien fait, ils n'ont rien à se reprocher, ils sont la cible de toutes les envies, de toutes les rancunes, de toutes les mesquineries. Au diable les quatre millions d'euros de financement européen qui ont disparu des radars. Au diable ces collaborateurs fantômes et les rémunérations indues. Cette même Europe, sur laquelle le RN a longtemps tapé, présentée comme un projet honni, est en fait devenue la tirelire favorite des xénophobes ignorants qui se sont bien engraissés grâce à l'argent de Bruxelles. Et ce n'est pas moi qui le dis, c'est en quelque sorte le résumé ironique de toutes les conclusions du tribunal. C'est ce même tribunal qui vaut à Marine un joli bracelet électronique pour deux belles années de honte publique. Rappelez-vous la rengaine de la Rolex, symbole du succès. Désormais, quand on observe l'ancien président Sarkozy et l'ex-future présidente Le Pen, on a l'impression que c'est ce petit gadget technologique qui représente le Graal de l'élite. Ceux qui sont montés si haut qu'ils ont reçu le privilège de ne pas quitter leurs pénates, sous peine de déclencher une alarme dans le commissariat le plus proche. Au journal télévisé, qui lui a complaisamment tendu le micro, Marine Le Pen s'est livrée à une attaque en règle, ad hominem et ad personam, contre le juge de première instance qui s'est chargé de la déclarer coupable. Rarement avait-on vu le pouvoir judiciaire autant foulé aux pieds, traîné dans la boue. La réaction des dirigeants du Rassemblement National est un crachat au visage de la séparation des pouvoirs et de l'indépendance de la justice (qui certes fonctionne sur courant alternatif. Bayrou, pour des faits assez similaires, a bénéficié de la carte immunité, réservée à ceux qui ont prêté allégeance à notre Empereur vacillant. Il est loin d'être le seul). Entre projet absurde, comme celui de lancer une pétition en faveur de Marine, et volonté de poser en victime éternelle en appelant discrètement à la réaction du peuple, le RN démontre, une fois de plus, sa véritable identité : celle d'un groupe hostile à la démocratie, qui n'acceptera le système que tant qu'il lui sera favorable, et qui, à la première occasion, lui plantera un couteau entre les omoplates pour assouvir son rêve d'accession au pouvoir.

Car c'est quoi, le RN, les frontistes ? Tout bonnement une arnaque qui prospère sur la misère sociale et le désespoir des gens, qui, en dernier recours, votent pour ces clowns. Des électeurs qui, à force de se focaliser sur l'immigré censé leur voler leur argent, ne réalisent même plus que ce sont des millions d'euros qui sont détournés par ces parasites du système. De véritables sangsues qui se collent aux plus faibles, aux plus vieux, aux moins instruits, à ceux qui ont peur, pour leur faire les poches et vivre grassement sur leur naïveté et leur ignorance. En votant RN, vous pensiez peut-être changer le système, mais vous ne faites en réalité que lui garantir un avenir misérable, avec les immigrés et les exclus pour variable d'ajustement. Vous êtes les dindons de la farce. Désormais, tous les espoirs de ces rebuts de semence frelatée reposeront probablement sur les frêles épaules de Jordan Bardella, dont la maitrise des dossiers et la connaissance des rouages de l'état est un peu celle que je possède moi-même sur la mécanique des moteurs à injection et les secrets cachés sous le capot des grosses cylindrées. En gros, c'est la panne assurée, inutile de se donner la peine de tourner la clé de contact. C'est con, quand même, un faf




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